SAMBO et handi(CAPABLES)

Dans son engagement pour la reconnaissance des valeurs sociales du sport, le CFS reconnaît l'action intégratrice du Sambo.

Les acteurs du sambo club de Pourrières (Var, 83910) relatent leur expérience de l'accueil du handicap. Mais aussi l'histoire d'un désir d'accueil fondu dans la trajectoire sportive.

Historique et création de notre association.

Nous avons créé l’association le 12 septembre 2012, afin que Mickaël HÉVIN puisse partager sa passion.

Anciennement licencié au club de l’ASD Drancy, Mickaël a été formé par Robert CHANSON.

Compétiteur dans l’âme et champion de France à plusieurs reprises, il est sélectionné en 1999 par Bernard BRONCHARD pour entrer dans l’équipe de France de Sambo Sportif. Ainsi, sélectionné pour le Billings (championnat du monde dans le Montana aux États-Unis), il prend la place du vice-champion du Monde. Les années passent, les compétitions et les podiums s’enchaînent.

Mais le monde du travail rattrape Mickaël qui se voit dans l’obligation de modérer sa participation aux compétitions et aux entraînements. Son entreprise le mute dans la région PACA en 2009 où il se domicilie, à Pourrières. La distance géographique devient donc une forte entrave à la pratique de sa passion. Mais mûss par une volonté née de l’amour  du sambo, (s’il lui était impossible d’atteindre son centre d’intérêt, c’est donc celui-ci qui viendrait à lui !  Nous avons décidé de créer notre propre club, et c’est ainsi qu’est né le Sambo club de Pourrières : le 12 septembre 2012.

Nous avons lancé la saison avec l’aide de Daniel SOLER et l’appui de Guillaume ALBERTI pour organiser le championnat régional PACA. Celui-ci fut un succès et depuis, se voit répété chaque année. En mai 2013, Mickael participait à son premier GPPS[1]. Malgré 5 ans d’absence et aucun entraînement possible, il finit médaillé d’or des -90kg Sambo sportif senior à 30 ans ! Ce fut une belle revanche sur le manque qu’il avait pu ressentir et c’est par ce biais que nous avons commencé à recevoir des adhérents.

La deuxième année du club, une maman inscrivit deux de ses fils et assista à tous les cours accompagnée d’un autre de ses fils, atteint d’une maladie génétique et d’autisme. Pendant l’entraînement, ce dernier allait et venait sur la bâche  malgré les demandes répétées de sa mère qui voulait l’en empêcher. Ayant repéré les agissements de l’enfant, nous sommes parvenus à convaincre la maman de le laisser  évoluer à sa guise, persuadés que c’était bénéfique pour son bien-être. (nous avons convaincu mais nous lui disions de le laisser car cela lui fait du bien.) – « Nous faisons attention à lui, ne vous inquiétez pas. »

Au fur et à mesure, ce petit bonhomme plein de vie se rapprocha de Mickaël en imitant tous ses gestes. Nous avons donc proposé à sa maman de lui offrir la licence. Celle-ci fut gênée car jusqu’à présent, aucun des clubs sportifs aux alentours n’avait accepté son enfant.

Le cours suivant, lorsqu’elle vit son fils jouer avec Mickaël et faire les exercices sans avoir peur du contact physique, elle vint nous voir les larmes aux yeux pour nous dire merci. C’était la première fois que son petit bonhomme échangeait physiquement avec un étranger.

Notre réponse fut simple : - « Merci à vous de nous offrir cette chance de partager notre passion. » Suite à cette révélation, nous avons décidé de mettre en place une session handisport.

 


Fauchage par Maxime

Visées du projet et programme

Notre projet à long terme, sur 3 à 5 ans, est d’enseigner le Sambo dans des structures telles que des foyers pour jeunes handicapés, mal voyants et malentendants, écoles pour enfants en situation de (à) handicap, mal voyants et/ou malentendants afin d’offrir à tous la possibilité de pratiquer un sport peu importe leur identité et leurs handicaps.

Notre programme est avant tout totalement basé sur le bénévolat. En effet, nous allons nous déplacer dans ces structures pour présenter notre projet que nous monterons en parallèle avec les médecins spécialisé sur place, et adapter nos cours en fonctions des pathologies de chacun.

Au programme sont prévus : motricité, coordination des gestes, déplacement dans l’espace avec et sans binôme, renforcement musculaire adapté ainsi que l’adaptation des techniques en fonction des capacités  de chacun.

Par exemple, concernant le foyer Afidamen avec qui nous travaillons actuellement, 43% des personnes vivant sur place ont un handicap intellectuel combiné avec un trouble physique, et 15 % sont atteints de déficience cognitive. Les autres pensionnaires sont atteints d’une déficience cognitive avec trouble physique associé.

 

Objectifs

Dans les 3 à 5 années à venir, nous souhaitons former trois personnes dans la région  pour qu’elles puissent réaliser ce projet avec nous. Par la suite, notre objectif sera de former d’autre personnes dans d’autres régions afin que ce projet s’étende au niveau national, et que le Sambo soit enfin accessible à tous.

Les moyens à mettre en œuvres sont les rencontres avec les structures et leurs personnels : responsables, animateurs sportifs, éducateurs spécialisés, et médecins dans le but de créer des profils (un pseudo profil) des personnes susceptibles de pratiquer le Sambo et pouvoir adapter au mieux nos cours.

Projection par Christian
Projection par Christian

Les enjeux visés sont de faciliter l’accès au sport à tous  aussi bien dans le programme manger bouger, que pour le mouvement MDPH ,tout en restant en lien et en accord avec la DDJS et le CNDS, qui peuvent nous subventionner. 

Pour que notre projet soit réalisable, il nous faut commencer petit. Notre session handisport compte aujourd’hui quatre membres qui pratiquent en même temps que les membres qui ne se trouvent pas en situation de handicap. Notre objectif est  à la fois de respecter leur autonomie et d’inculquer aux plus petits comme aux plus grands le respect de tous et de nos différences, nos forces et nos faiblesses, qui sont une richesse.

 

Contenu

Notre programme se décompose de la façon suivante :

Tout d’abord, nous travaillons sur la prise de conscience du corps et des mouvements, par des exercices tels que le déplacement à quatre pattes, les roulades, des équilibres sur une jambe pour travailler sa stabilité, la confiance en soi. En fonction des pathologies, cela peut prendre deux semaines.


Un passage de grade réussi

Ensuite, nous entamons la phase d’appréhension de la chute que nous travaillons sur des gros tapis de projection de gym, avec des chutes arrière (d’abord assis puis accroupi), puis en chaise et enfin debout. Le même travail est réalisé pour la chute avant : on commence par la roulade puis la roulade à genoux avec les deux main puis à une mains puis accroupi etc. .. 

Une fois la confiance en soi acquise, ce qui peut prendre 2 à 3 semaines voire plus pour certains, on commence à travailler les techniques. On part du même principe, de la station assise puis à genoux puis accroupie etc.… pour les projections en avant, idem pour l’arrière. Il n’y a que pour les clefs de soumission que l’on montre et que l’on travaille sans les verrouiller afin qu’ils ne se blessent pas, car certains  ne sont pas maîtres de leur force.

SCPourrières - remise de ceinture
Un nouveau gradé dans le club

A la fin de l’année, on fait un récapitulatif de la saison, et on leur fait passer un grade qui est adapté en fonction de leur pathologie et en fonction de leurs progrès. Ce n’est pas un grade à part entière comme à la fédération, mais un demi-grade, car chacun avance et progresse à son rythme tout en gardant les bases de nos grades.

grades réussis
La réussite est au bout du chemin

Un outil de communication externe

Notre outil de communications est principalement multimédia,: des pages Facebook tweeter, site internet.

Nous lançons 3 campagnes par an, en début, milieu et fin de saison. Nous créons également des affiches que nous envoyons à la MDPH, DDJS, aux mairies de toutes les communes que nous souhaitons atteindre ainsi qu’aux offices du tourisme, car même en vacances on peut faire du sport.

 Un outil au service de l'éthique associative

Nous avons une charte et un règlement que nous faisons signer à chaque adhérent et qui reprend les points principaux du savoir vivre ensemble :

Touche pas à mon handicap
Touche pas à mon handicap !

·         Je respecte mon adversaire, peu importe son origine, son sexe, son handicap

·         Je dois le respect à mes encadrants

·         Je dois respecter le matériel

·         Je dois avoir une hygiène irréprochable

·         Je viens avec un bon état d’esprit

·         Je ne fais pas mal

·         Je respecte les horaires

·         Je respecte la tenue

·         Je reste modeste en toute circonstance

 

Un outil stratégique de recherche de financement

C’est le plus compliqué à mettre en place, car hormis les subventions, communales ou régionales, avec la conjoncture actuelle, obtenir des dons ou des sponsors devient très compliqué.  Nous lançons quand même chaque année des appels aux dons et des demandes de sponsoring que ce soit par les réseaux sociaux ou par courrier aux sociétés.

Malheureusement, de nombreuses personnes en situation de handicap sont sous tutelle et ne peuvent pas financer une licence et une adhésion. Dans notre club, nous avons mis un tarif en place à l’année qui englobe le tout. La licence est offerte par le club car notre fédération n’a pas encore de licences handisport et que l’on soit loisir handisport ou compétiteur c’est le même tarif pour tous. 

Je conclurai simplement en disant que nous sommes là en tant que bénévoles, pas pour nous mais pour eux car le sport est une grande chaîne de solidarité, et chacun,  peu importe son origine et ses moyens peut en être un maillon, qui la rende plus forte.

Chaque jour, à travers la pratique d’un sport, nous en apprenons un peu plus et c’est ce qui fait notre force, nous ne reculons devant aucun défi, que l’on soit accepté ou pas, et nous mettons en avant les qualités de chacun car elles nous permettent d’avancer.

La perfection n’existe pas.

 

SCPourrières - Ensemble
SCPourrières - Club Solidaire

Aujourd’hui, ce sont des personnes comme Christian et Maxime qui nous en apprennent le plus et qui nous motivent pour poursuivre ce projet.

Mme Yannick HEVIN.

 

[1] Grand Prix de Paris de Sambo